Les Lettres Françaises. Le supplément à l’Humanité du 5 avril a consacré un article élogieux au dernier livre de Jean Jacob*, maître de conférences en sciences politiques à l’université de Perpignan. À tous ceux qu’agacent la présence envahissante d’Edgar Morin dans les médias et ses nombreuses sentences prophétiques sur le monde tel qu’il va, il faut conseiller la lecture du livre que Jean Jacob a consacré à l’inventeur de la « pensée complexe ». Ils y trouveront matière à se réjouir en lisant le portrait au vitriol que l’auteur fait d’Edgar Morin, un portrait qui insiste tant sur le narcissisme satisfait de Morin que sur la vacuité de ses théorisations. Dans un monde intellectuel bien trop sage et normé, retrouver un peu de la verve pamphlétaire qu’on pouvait affectionner dans l’entre-deux-guerres s’avère réjouissant. Surtout quand l’objet du pamphlet mérite une telle attention. En effet, derrière les formules hyperboliques de Morin, son langage aussi alarmiste que lénifiant qui invoque tour à tour la « Terre-Patrie », la « post-humanité », « l’auto-éco-organisation », on trouve une « philosophie de salle d’attente », dont Jean Jacob pointe l’absence de rigueur conceptuelle et les effets de manche intellectuels. Mais les lecteurs auront aussi beaucoup d’éléments pour comprendre la fascination qu’un certain nombre de médias français, dont le Monde, et d’hommes politiques, de Jean-Pierre Raffarin à Ségolène Royal, entretient pour le sociologue. Cette fascination s’explique par la construction méthodique de « réseaux influents », allant de la gauche rocardienne jusqu’aux rivages de la droite conservatrice. Jean Jacob pointe avec clarté la cohérence de telles affinités  : la complexité du monde tel que le théorise la pensée complexe d’Edgar Morin tend à obscurcir le réel plus qu’à en explorer tous les contours. Et face à une telle complexité obscure, le modérantisme politique et social s’avère au final justifié. Dans le paysage politique et intellectuel dominant, Edgar Morin a tout à fait sa place… pour le pire. *Edgar Morin. La fabrique d’une pensée et ses réseaux influents. Éditions Golias, 2011, 14 euros. Auteur : Baptiste Eychart
NDLR AVRIL EST AVRIL 2012
J'ai lu la "prose" de Jean Jacob.C'est plus qu'affligeant.
Il me semble aujourd'hui qu'il est tristement remarquable que des gens parmi des marxistes qui ont eu
des ressorts conceptuels historiques deviennent aveugles aux changements contemporains du monde conceptuelo-pratique.
PL 10 JUILLET 2013

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